« Quand un enfant a les yeux sur un livre, c’est toujours grave. »

Henri POURRAT (1887 – 1959)
Écrivain 

« Nous passerons encore une année à la communale. J’en sortirai sans mon certificat d’études, mais quel merveilleux enseignement de base donnait cette école aujourd’hui si décriée ! Ne riez pas ! On apprenait par cœur la table de multiplication, les départements et les sous-préfectures, soit, mais aussi on connaissait de la France ses moindres rivières, ses canaux, on savait qu’il y avait du fer en Lorraine et du charbon dans le Nord, on connaissait la France, presque à l’échelle du chef-lieu de canton. Au fil des années scolaires, on apprenait l’histoire de la France, et si, selon les régimes, certaines périodes étaient embellies au détriment des autres, on arrivait à l’âge adulte avec une certaine connaissance de notre passé, et une certaine fierté d’être français.  Je n’étais pas un élève brillant. Loin de là. Je ne travaillais que lorsque le sujet me plaisait. Chaque automne, au retour de vacances, il était demandé aux élèves de rédiger une rédaction relatant leur souvenir le plus marquant. Mes rêves étaient encore tout embellis par les belles heures passées en montagne, et ma copie parlait du fruitier, c’est-à-dire du fromager qui dans les cabanes de pierres de la haute montagne fabrique le fameux gruyère de Beaufort. Il faut croire que c’était bien, car en marge de mon devoir, le correcteur avait écrit à l’encre rouge : Texte excellent, dommage qu’il ait sans doute été écrit par une tierce personne !
Dame ! Aux yeux de l’enseignant on ne pouvait totaliser avec constance les zéros en grammaire et écrire un bon français ! »

Roger FRISON-ROCHE (1906 – 1999)
Écrivain, alpiniste et explorateur