« Je reconnais qu’en aucun temps il ne fut plus nécessaire qu’aujourd’hui de constituer des îlots solides de pensée, d’art, de sagesse, pour résister au flot montant de la barbarie. »

Henri Ghéon (1875-1944)
Écrivain

« Comme Shakespeare, Ghéon est aussi acteur, au moins toutes les fois que l’on a besoin de lui. Ce n’est pas un très bon acteur. Sans doute il a un jeu expressif et parfois truculent, mais il bredouille, il court après son texte, il pense à cent autres choses dans le moment qu’il joue, car il est à la fois metteur en scène, costumier, électricien, machiniste et administrateur. Quand il ne joue pas, il est public, et même bon public ; car il rit, pleure, applaudit, tout comme si la pièce n’était pas de lui. Admirable simplicité de Ghéon. Il a l’air modeste, effacé ; il décline les honneurs, par exemple, dans une réunion ou un congrès une place sur l’estrade, en agitant la main d’un geste d’humilité. Il n’est pas beau, il est chauve, il a de gros yeux, un visage glabre, un peu rouge aux pommettes, mais son sourire tient toute sa figure et ses yeux luisent de bonté autant que de malice. Cher Ghéon ! Comme je voudrais le faire voir aussi bien que je le vois en moi-même, après les années écoulées ! »

Geneviève Duhamelet (1890-1980)
Romancière