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Du bon travail

« Marchez comme des enfants de lumière »
(Épître aux Éphésiens, V, 8)

Parents, maîtres et éducateurs, nous avons pour mission de mener les âmes des enfants vers la Lumière qui sera le chemin de leur vie et leur bonheur. Chaque semaine, nous vous proposons de découvrir quelques paroles de guides et de témoins pour éclairer notre propre route à l'aune de cette parole de saint Thomas d'Aquin : “Ne regarde pas à celui qui parle, mais tout ce que tu entends de bon, confie-le à ta mémoire.” (Seize conseils pour acquérir le trésor de la science). Bonne lecture !

Tous les honneurs convergeaient en cet honneur. Une décence, et une finesse de langage. Un respect du foyer… Un respect des vieillards, des parents, de la parenté. Un admirable respect des enfants. Naturellement un respect de la femme. Et surtout un goût propre et un respect du respect même. Un respect de l’outil, et de la main, ce suprême outil. Je perds ma main à travailler, disaient les vieux. Et c’était la fin des fins. L’idée qu’on aurait pu abîmer ses outils exprès ne leur eût pas même semblé le dernier des sacrilèges. Elle ne leur eût pas même semblé monstrueuse. Elle leur eût semblé la supposition la plus extravagante. C’eût été comme si on leur eût parlé de se couper la main. L’outil n’était qu’une main plus longue, ou plus dure (des ongles d’acier), ou plus particulièrement affectée. Une main qu’on s’était faite exprès pour ceci ou pour cela. Un ouvrier, abîmer un outil, pour eux, c’eût été, dans cette guerre, le conscrit qui se coupe le pouce. On ne gagnait rien, on vivait de rien, on était heureux.

Charles Péguy (1873-1914)
Écrivain, poète

« Les jours, les semaines, les mois, les années passaient régulièrement. Tous les matins je me levais de bonne heure ; j’avais dès ce temps-là bonne envie de dormir, mais je disais le soir à maman de me réveiller de bonne heure le lendemain, à six heures juste, parce que j’avais à travailler ; maman n’y manquait pas ; elle-même se levait tous les matins à quatre heures, hiver comme été, pour travailler à rempailler les chaises. Elle me réveillait donc tous les jours sur les six heures, bien que cela lui fît de la peine, parce que j’avais bonne mine à dormir ; cela lui faisait de la peine de me lever, parce que j’étais lourd et que j’aimais dormir et qu’il était de bonne heure ; mais brusquement je me représentais l’école et alors, d’un seul geste, je me jetais à bas du lit, pieds nus sur le carreau… Je me mettais à l’ouvrage et travaillais assidûment, sérieusement, précieusement, aussi bien dans mon genre que maman dans le sien ; je faisais mes devoirs et apprenais mes leçons… Je tendais toute ma volonté au travail jusqu’à ce que ma leçon fût sue par cœur sans faute, sans une hésitation, sans une réflexion, comme ma prière ; maman m’y encourageait, m’y aidait, m’y conduisait ; j’aimerai toute ma vie la mémoire de ce cher travail que je faisais dans la bonne maison chaudement travailleuse, du bon travail que je recommençais régulièrement tous les matins. »

Charles Péguy (1873-1914)
Écrivain, poète


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