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Le combat spirituel aussi brutal que la bataille d’hommes

« Marchez comme des enfants de lumière »
(Épître aux Éphésiens, V, 8)

Parents, maîtres et éducateurs, nous avons pour mission de mener les âmes des enfants vers la Lumière qui sera le chemin de leur vie et leur bonheur. Chaque semaine, nous vous proposons de découvrir quelques paroles de guides et de témoins pour éclairer notre propre route à l'aune de cette parole de saint Thomas d'Aquin : “Ne regarde pas à celui qui parle, mais tout ce que tu entends de bon, confie-le à ta mémoire.” (Seize conseils pour acquérir le trésor de la science). Bonne lecture !

« Un chrétien, c’est quelqu’un qui allume toute une procession avec un cierge penché. »

Paul Claudel (1868-1955)
Écrivain

« Jour inoubliable que celui où les Dominicains du Saulchoir me présentèrent à Claudel ! Claudel était arrivé la veille. En le retrouvant, le soir, à Complies, la tête inclinée sur l’accoudoir de la tribune, tandis que les moines quittaient le chœur au chant du Salve Regina, je le voyais, par l’imagination à Notre-Dame de Paris, debout dans la foule, près du second pilier, à droite, du côté de la sacristie, en cette journée du 25 décembre 1886 où se produisit l’événement qui domina toute sa vie. En un instant, ce jour mémorable, son cœur fut touché et il crut. Claudel appartenait à cette génération qui avait eu une foi à retrouver, un édifice à reconstruire sur les ruines que ses pères lui avaient laissées. Même après l’illumination du 25 décembre 1886 à Notre-Dame, dans cette vieille église qui avait été pour lui « l’asile, la chaîne, la maison, le docteur et la nourrice », même après cet événement entre tous inoubliable, sa résistance devait durer encore quatre années ! Ce fut la grande crise de sa vie, cette agonie de la pensée dont parle Rimbaud quand il dit : “Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes”. Ah ! L’homme rude, à la forte encolure, riche de sang, de muscles et de nerfs, que je voyais au Saulchoir courbé devant son Dieu, cet homme-là n’avait pas dû se rendre sans combat. Son visage et son corps en portaient les marques qu’éclairaient ses yeux droits et clairs tout remplis d’un amour si filial, si tendre ! Oui, c’est à cela que je songeais, ce premier soir où nous remontâmes ensemble le long couloir qui conduisait à nos cellules. »

Henri Massis (1886-1970)
Critique littéraire, essayiste politique et historien de la littérature


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