(Épître aux Éphésiens, V, 8)
Parents, maîtres et éducateurs, nous avons pour mission de mener les âmes des enfants vers la Lumière qui sera le chemin de leur vie et leur bonheur. Chaque semaine, nous vous proposons de découvrir quelques paroles de guides et de témoins pour éclairer notre propre route à l'aune de cette parole de saint Thomas d'Aquin : “Ne regarde pas à celui qui parle, mais tout ce que tu entends de bon, confie-le à ta mémoire.” (Seize conseils pour acquérir le trésor de la science). Bonne lecture !

Le roi se trouvait à cette heure dans sa chambre, en grande compagnie de comtes, barons et chevaliers. Il apprit alors que ceux de Calais arrivaient dans la tenue qu’il avait expressément prescrite ; il sortit donc et parut sur la place, devant son logis, avec tous ses seigneurs derrière lui ; il y vint en outre une grande foule, pour voir les gens de Calais et comment les choses allaient tourner pour eux. Et la reine d’Angleterre en personne suivit le roi son seigneur. Or voici venir monseigneur Gautier de Mauni et avec lui les bourgeois qui le suivaient ; il descendit de cheval sur la place, s’en vint vers le roi et lui dit : « Monseigneur, voici la délégation de la ville de Calais, selon votre volonté. » Le roi ne dit pas un mot mais jeta sur eux un regard plein de fureur, car il haïssait terriblement les habitants de Calais pour les grands dommages et les contrariétés que, par le passé, ils lui avaient causés sur mer.
Jean Froissart, chroniqueur du Moyen-Âge
Philippa de Hainaut et les bourgeois de Calais
« Alors la noble reine d’Angleterre intervint avec beaucoup d’humilité ; et elle pleurait avec une si chaude pitié qu’on ne pouvait rester insensible. Elle se jeta à genoux devant le roi son seigneur et dit : « Ah ! noble sire, depuis que j’ai fait la traversée, en grand péril, vous le savez, je ne vous ai adressé aucune prière ni demandé aucune faveur. Mais à présent je vous prie humblement et vous demande comme une faveur personnelle, pour l’amour du Fils de Sainte Marie et pour l’amour de moi, de bien vouloir prendre ces six hommes en pitié. » Le roi attendit un instant avant de parler et regarda la bonne dame, sa femme, qui, toujours à genoux, pleurait à chaudes larmes. Son cœur en fut touché, car il eût été peiné de la chagriner. Il dit donc : « Ah ! Madame, j’eusse mieux aimé que vous fussiez ailleurs qu’ici. Vous me priez si instamment que je n’ose vous opposer un refus, et, quoique cela me soit très dur, tenez, je vous les donne : faites-en ce qu’il vous plaira ». La bonne dame dit : « Monseigneur, très grand merci. » Alors la reine se leva, fit lever les six bourgeois, leur fit ôter la corde du cou et les emmena avec elle dans sa chambre ; elle leur fit donner des vêtements et servir à dîner, bien à leur aise ; ensuite elle donna six nobles à chacun et les fit reconduire hors du camp sains et saufs. »
Jean Froissart, chroniqueur du Moyen-Âge
Philippa de Hainaut et les bourgeois de Calais
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